La polygamie, de plus en plus populaire aux États-Unis

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Longtemps ultra marginale et décriée, la polygamie est aujourd’hui (un peu) mieux acceptée aux États-Unis. En décembre 2013, elle a même été dépénalisée dans l’Utah, l’État de Salt Lake City, le temple du mormonisme. Un pas vers sa légalisation ?

Un homme et son harem. Aux États-Unis, l’idée n’est plus si baroque qu’il n’y paraît. Alors qu’en 2001, seulement 7 % des Américains voyaient dans la polygamie une pratique « moralement acceptable », ils sont aujourd’hui 16 % à la considérer favorablement, selon le sondage Gallup. Depuis le début des années 2000, cet institut prend le pouls de la population sur des sujets de société sensibles aux États-Unis, comme l’euthanasie, l’avortement ou la peine de mort.

Certes, ces 16 % de la population à considérer la polygamie comme « moralement acceptable » représentent toujours une minorité. Mais parmi les dix-neuf « tabous » évoqués dans le sondage, il est celui qui a connu la plus grande évolution vers l’acceptation. Dans les résultats de l’enquête publiée le 26 mai dernier, la polygamie arrivait en cinquième position des thèmes controversés dont l’image s’était améliorée, juste après les relations homosexuelles, le fait d’avoir un enfant et des relations sexuelles hors mariage, le divorce et la recherche médicale sur les cellules souches obtenues à partir d’embryons humains. Aujourd’hui aux États-Unis, il est même plus acceptable d’être polygame que d’entretenir des relations extraconjugales (ce que seuls 8 % des Américains juge moralement admissible).

La culture pop a peut-être contribué à démocratiser la polygamie, devenue tour à tour sujet d’une fiction diffusée sur HBO depuis 2013, Big Love, et de deux émissions de téléréalité, « My Five Wives » et « Sister Wives ». Mais certains attribuent cette évolution à « une vision libertaire, à un laissez-faire des jeunes Américains en ce qui concerne le sexe, le mariage et la vie de famille » (Brad Wilcox du National Marriage Project (NMP)), tandis que d’autres y voient un « effondrement des valeurs » ou une conséquence du lobbying LGBT. L’origine de ce changement est peut-être plus complexe, car la pratique polygame se trouve à la croisée des chemins de plusieurs influences américaines, entre « le libéralisme social, le fondamentalisme religieux et le polyamour radical », explique Samantha Allen, journaliste du Daily Beast. Aujourd’hui, les polygames seraient entre 50.000 et 100.000 et, pour la plupart, « musulmans et mormons fondamentalistes », poursuit-elle, en précisant que la majorité sont polygynes (un homme avec plusieurs femmes) et non polyandres (une femme avec plusieurs hommes).

Si déjà plusieurs observateurs prédisent sa légalisation – elle sera reconnue « en 2040, dans l’indifférence générale », déclare l’éditorialiste Ross Douthat en conclusion de son article dans le New York Times -, la pratique, malgré sa petite popularité, a toujours mauvaise presse. Car elle reste associée à des affaires sordides de violences domestiques, de crimes, de problèmes mentaux et de viols. Il y a donc peu de risques de voir de sitôt se multiplier les familles avec un homme et plusieurs femmes – et inversement – vivant sous un même toit.

Source Le figaro Madame