Journée de la Santé bucco-dentaire: L’alerte de l’INSEE relayée par un médecin de l’île

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Les risques de complication d’une carie expliqués par Albert Nyanguil

 » Nous sommes au début d’une catastrophe sanitaire à Mayotte… Le docteur Nadjaty Harouna, présidente de l’Union française de la santé bucco-dentaire n’y va pas quatre chemins, mais surtout, elle ne fait que rapporter la sentence d’une étude menée par l’Institut National des Statistiques et des Études Economiques (INSEE) pour le Centre Dentaire Saint-Antoine à Paris.

Elle s’explique et justifie ainsi l’organisation de la deuxième édition de la Journée mondiale de la Santé bucco-dentaire :  » Nous devons sensibiliser car il manque environ 100 dentistes à Mayotte. Au regard de nos observations quotidiennes, nous pensions que la situation était déjà catastrophique, mais le plus grave reste à venir selon l’INSEE. Elle vise les autorités sanitaires  » pour qu’une vraie politique soit mise en place.

Des hygiénistes dentaires en brigade anti-carie

Albert Nyanguil et le docteur Nadjaty Harouna insistent sur la prévention

Dans cette étude, l’INSEE compare Mayotte à d’autres territoires similaires,  » notamment à la Polynésie française où la proportion de caries et des maladies associées étaient très supérieure à la moyenne mondiale il y a 30 ans. Les autorités ont privilégié la prévention sur le curatif : 25 dentistes, dont des hygiénistes dentaires ont été déployés, et il en sont venus à bout. Une possibilité que l’on refuse à Mayotte sous prétexte que les hygiénistes dentaires sont interdits en France, parce que trop concurrentiels des dentistes de profession. On se paie le luxe de refuser cette dérogation ici, où les dentistes refusent de venir, et alors qu’on l’a autorisé en Polynésie française !

A Mayotte, 15 dentistes officient,  » mais tous ne sont pas volontaires pour faire du dépistage, fait remarquer Albert Nyanguil, Secrétaire de l’UFSBD. Sur la place ce samedi, des planches aux croquis très explicites des risques encourus par la population :  » Les microbes qui se logent dans les gencives, atteignent la pulpe, donc passent dans le sang et, en atteignant le cœur, peuvent provoquer des maladies cardiaques comme les endocardites.

450 enfants examinés dans la journée

File d'attente devant la caravane de dépistage. Encore faut-il pouvoir être soigné ensuite...

File d’attente devant la caravane de dépistage. Encore faut-il pouvoir être soigné ensuite…

Maux de tête, sinusites, complications digestives, douleurs oculaires ou douleurs articulaires, sont fréquemment observés en cas de caries. C’est pourquoi l’antenne mahoraise de l’UFSBD avait proposé plusieurs, stands, visités notamment par des élèves d’une école coranique du quartier, et un dépistage gratuit par deux dentistes, Régis Fort et Sophie Pechoux, dans une petite caravane :  » Ils ont pu examiner 450 enfants dans la journée, rapporte Albert Nyanguil.

Un peu effrayés les tous petits avant de s’allonger sur le fauteuil du dentiste, certains sont au bord des larmes :  » Hou là ! Vu le nombre de caries, il faut te faire examiner d’urgence, décrète Sophie Pechoux. Tout est noté sur une feuille qu’il va rapporter à ses parents qui devraont tâcher de prendre un rendez-vous auprès d’un des dentistes de l’île.

Pas de traces jaunes sur fond rouge, les dents sont propres !

Pas de traces jaunes sur fond rouge, les dents sont propres !

Des signes avant coureurs pour Nadjaty Harouna :  » Un enfant de 5 ans n’aura pas la même dentition à 40 ans que son aîné aujourd’hui. L’alimentation a totalement changé, davantage orientée vers les bonbons ou les sodas sans accompagnement de la population. C’est pourquoi le thème de cette 2ème édition de la Journée mondiale de la Santé portait sur la prévention, avec un stand nutrition,  » la population doit comprendre l’impact qu’a l’hygiène sur la santé.

La bouche pleine d’une teinture rouge révélatrice de la saleté des dents, un groupe de garçons se fait expliquer les bonnes techniques de brossage. Une action et une information qui ne peut certainement pas se contenter d’une journée par an.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

Source:: Le journal de mayotte