Elles sont ensemble depuis près de trois ans, Vahine* et Maimiti* ont officialisé leur relation par le mariage, samedi dernier, devant les membres de leurs familles. Une union pas comme les autres, officialisée par la 4ème adjointe au maire de Mahina, Marie-Pauline Cojan, appelée Tanou. « C’est d’ailleurs, le deuxième mariage homosexuel de l’année« , souligne Tanou, « ça ne me dérange pas du tout de procéder à cette union. Ce sont les responsabilités que l’Etat nous donne et donc effectivement comme d’autres collègues adjoints et maires, je pense que ça fait partie de notre devoir, mis-à-part la religion« .
Après les échanges des vœux et des alliances, place aux séances photos au point de vue du Taharaa, des instants inimaginables pour ces deux jeunes filles, qui sont tout de même passées par des étapes rudes depuis le début de leur relation, « ça n’a pas été facile pour nous deux, surtout vis-à-vis de nos parents qui ont vraiment eu du mal à accepter. C’était les épreuves à passer (rires)« , explique Vahine*. « Ma famille n’a pas bien accueilli la nouvelle de notre mariage au début, mais après ils ont accepté. Ma mère avait peur des critiques, de tout ce qu’on va subir« , rajoute Maimiti*.
L’idée de se marier en cachette n’a pas été écartée, « au départ, nous voulions nous marier en cachette mais après, nous avions réfléchi et on s’est dit qu’on allait annoncer cela à nos parents. Après les démarches administratives avec la mairie, cela s’est fait naturellement parce qu’on voulait vraiment se marier et de toute façon, les critiques, on s’en fout, c’est notre vie« , relate d’un ton déterminé Maimiti*.
Choquée à l’annonce de ce mariage, la mère de Maimiti* n’en croit pas ses oreilles, « ça a été la douche froide, je n’arrivais pas à comprendre, je m’étais dit que ma fille était devenue folle, qu’elle voulait se venger de moi, ce n’était pas possible et qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. J’étais vraiment partie dans un état très négatif, je n’avais pas essayé de la comprendre« , dit-elle.
Après mûre réflexion et par amour pour sa fille, elle a fini par accepter, « je l’aime et je me suis dit, après tout, si elle est heureuse. C’est ça aussi le rôle des parents, que leurs enfants soient heureux et qu’ils réussissent leurs vies« . Même discours pour la grand-mère de Maimiti*, « ça a été difficile au début d’accepter ce genre de relation mais on n’y peut rien, je ne veux pas que ma petite-fille se suicide« .
La religion pourrait être LA raison du rejet des couples homosexuels par la société, c’est en tous les cas, ce qui ressort de nos différents témoignages. « Ce qui a été dur pour moi, c’est par rapport aussi à la religion. J’ai grandi dans cet univers et dans la bible, on ne parle pas de mariage homosexuel. Il faut un homme et une femme. Les deux filles se marient aujourd’hui, c’est dur d’accepter et je n’ai pas le choix« , explique la grand-mère de Maimiti*. Pour sa mère, le point de vue est différent, même si elle respecte la position de l’Eglise, « j’ai ressenti une sorte d’exclusion pour ces jeunes, pour ces personnes-là, qui peut-être, sont comme nous aussi, des chrétiens et qui cheminent eux aussi, à leur manière. Je me dis qu’ils ont aussi besoin peut-être d’approfondir leurs relations avec Dieu« .
De manière générale, les couples homosexuels vivent leurs relations tant bien que mal et font souvent face aux nombreuses critiques. « Il faudrait que ces personnes s’occupent de leur vie, car il se pourrait qu’un jour ils se retrouvent à notre place. Je crois que les gens n’ont que ça à faire, critiquer alors qu’ils ne savent même pas pourquoi nous en sommes arrivées là« , prévient Maimiti*, une décision qu’elle assume aujourd’hui, après un évènement qui a tout fait basculé, il y a plusieurs années. « Ce n’est pas évident pour moi de revenir sur ce qui m’est arrivée, mais si je suis devenue ainsi, c’est qu’il y a une raison ; donc voilà, depuis je ressens de la haine et du dégoût envers les personnes de sexes opposés. Je me suis beaucoup renfermée sur moi-même après, mais je préfère ne plus parler de cela. Aujourd’hui, je me sens heureuse avec ma femme« .
La mère de Maimiti*, elle, a une vision différente aujourd’hui, des couples homosexuels. « Les jeunes sont là aussi, pour nous faire comprendre qu’il faut s’adapter et qu’il ne faut pas rester prisonnier d’un certain passé, un passé soit disant chrétien. Quand on est chrétien, on prône l’amour, c’est ça être chrétien« .
À Mahina, on compte quatre mariages homosexuels depuis 2011.
(*) Les prénoms ont été modifiés
Source:: Thaiti info