Les réactions à La Réunion après le discours de François Hollande

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• Nassimah Dindar, présidente du conseil départemental : « l’éventuelle extension de l’état d’urgence à La Réunion »

Le Président de la République, François Hollande, vient de prendre la parole devant le Congrès réuni exceptionnellement.Il a annoncé notamment le renforcement de la guerre contre Daech. Ce renforcement aura lieu à l’extérieur de nos frontières par l’intensification des frappes contre les terroristes, y compris par la mobilisation de la Communauté Internationale via l’ONU et l’Union européenne. Mais ce renforcement aura lieu aussi à l’intérieur de nos frontières via la mise en place de l’état d’urgence sur une période de trois mois, délai durant lequel la Constitution devra être revue pour prévoir un article permettant de gérer l’état de crise.
Je salue sa volonté affichée d’unité nationale.
Il a entendu le besoin sécuritaire des Français et a repris nombre de propositions portées par la Droite.

Pour autant, je regrette que le Président n’ait fait aucune annonce sur un véritable projet sociétal qui permettrait deprévenir les phénomènes de radicalisation. Faut-il le rappeler, les auteurs des attentats qui ont frappé la France depuis deux ans sont essentiellement des Français! Aucune annonce concrète n’a été faite pour contrer cette dérive inquiétante. Il manque dans les propos du Président Hollande la vision d’un projet sociétal, qui permettrait la diffusion, le partage et l’ancrage de nos valeurs républicaines et de notre vivre-ensemble auprès d’une jeunesse cible des recruteurs jihadistes, comme par exemple la fermeture immédiate des sites de propagande de l’islamisme radical. Que propose-t-il par ailleurs pour le suivi de ceux qui, fichés, sont identifiés comme potentiellement dangereux ?
Enfin, je demanderai dès ce soir à l’ensemble des conseillers départementaux, puis, à l’ensemble des Réunionnais, leur sentiment quant à l’éventuelle extension de l’état d’urgence à La Réunion pendant les trois mois indiqués par le Président. Cet état d’urgence, outre qu’il ouvre la possibilité de perquisitions administratives et d’assignations à résidence, devrait être associé à la mise en place de magistrats, policiers et gendarmes spécialisés dans la lutte antiterroriste. Ceci afin de rassurer les Réunionnais sur la mise à mal suspectée de notre vivre-ensemble.

• Thierry Robert, député-maire de Saint-Leu : « la France est plus forte que ces criminels »

C’était le devoir d’un parlementaire de répondre à la convocation du Parlement en Congrès par le Président de la République aujourd’hui. Je l’ai écouté attentivement. Je ne doute pas un seul instant que notre république est trop forte pour ces criminels. C’est une évidence, il faut voter la prolongation de l’état d’urgence mercredi pour trois mois afin de permettre aux forces de l’ordre d’intervenir extrêmement vite et efficacement lorsque cela est nécessaire et comme cela a été le cas ce lundi (168 perquisitions dans 19 départements,plus de 100 assignations à résidence, 23 arrestations, saisie d’armes de guerre…). Le Président de la République a annoncé son intention de réformer la Constitution afin de « dépoussiérer » ses dispositions s’agissant des capacités à réagir des pouvoirs publics lorsque la sécurité nationale est en jeu, notamment via une mise à jour de l’article 36.

Mais je regrette que nous n’allions pas plus vite sur la mise en œuvre des mesures clairement annoncées telles que l’expulsion des étrangers représentant une menace grave pour le pays et la déchéance de nationalité et l’expulsion pour les binationaux qui reviennent de Syrie notamment et agissent ou comptent agir contre notre pays. Sur ce point, l’article 16 aurait permis au Président de la République de prendre toutes les mesures nécessaires dans les jours qui suivent afin d’assurer la sécurité du territoire et avant un débat parlementaire qui se serait tenu dans une urgence toujours réelle mais moins oppressante.

J’espère que le débat parlementaire qui s’annonce se fera sous le signe de la responsabilité et non des prises de position politiciennes dans le seul but d’exister un peu plus lors des élections régionales ou de préparer 2017. Les Français, parmi lesquels les Réunionnais, veulent avant tout que les responsables politiques traitent efficacement ce fléau du terrorisme qui arrive sur notre sol. J’espère d’ailleurs que les individus identifiés comme potentiellement dangereux à La Réunion seront surveillés aussi sérieusement que n’importe quel suspect vivant en métropole ou plus généralement en Europe.

Si nous sommes en guerre, notre armée est multiforme: police, service de renseignement, magistrats et militaires. Nous avons le devoir de leur donner les moyens de leur action afin de protéger au mieux la population dans le cadre de l’Etat de droit. L’annonce d’un renforcement des effectifs de police et de la justice est à saluer, c’est une décision nécessaire. Il en est de même pour le renforcement des moyens des magistrats travaillant sur les affaires de terrorisme. Si certains en doutaient encore, nous devons réaliser que ces barbares sont une vraie menace pour notre sécurité et que tous les moyens doivent être mis en œuvre pour les anéantir.

• Hugues Maillot, Secrétaire départemental de Debout la France : « souder l’unité nationale pour gagner la guerre »

Après les attentats du 13 novembre à Paris, passé le temps du recueillement, il était indispensable d’entrer sans tarder dans le temps de l’action. Ainsi, ce lundi soir, François Hollande a proposé au Parlement, réuni en congrès à Versailles, certaines mesures fortes. Il faut retenir et saluer la prolongation de l’état d’urgence, la modification de la constitution pour permettre la déchéance de nationalité des binationaux engagés dans le djihad, le renforcement des moyens des forces de sécurité ou encore la recherche d’un accord avec les Russes pour constituer une grande coalition contre l’Etat Islamique. Toutes ces dispositions et orientations vont dans le bon sens. Elles ont d’ailleurs été proposées par Nicolas Dupont-Aignan et Débout la France depuis les attentats de janvier dernier. Il y a 11 mois. Cependant, elles restent insuffisantes.

Il faut éloigner du territoire métropolitain les Français revenant du djihad pour éviter l’effet de contagion, notamment dans les prisons françaises. Il est plus que temps de prendre acte de l’absence d’unité des pays de l’Union européenne en matière de politique migratoire. Il est devenu irresponsable de continuer à compter sur les accords de Schengen pour assurer la sécurité de nos frontières. Le renforcement des moyens des forces de l’ordre et des forces armées est indispensable. Mais se satisfaire du niveau où elles étaient en 2007 n’est toujours pas à la hauteur de l’enjeu. La politique de sécurité doit être accompagnée d’un retour du civisme, en particulier chez les jeunes. Dans cette perspective, le rétablissement du service militaire est sans doute la mesure la plus efficace et la plus rapide à prendre. Il est du devoir de nos dirigeants de s’appuyer sur le mouvement d’unité nationale suscité par ces évènements tragiques pour prendre toutes les mesures nécessaires avant qu’un nouvel attentat, encore plus meurtrier, ne vienne l’exiger. Dans la guerre imposée à la France par l’islamisme radical, l’unité nationale est l’arme la plus précieuse dont dispose le pays. Mais seule une action déterminée et totale du Président de la République et du Gouvernement donnera à cette unité toute la force dont la France a besoin pour mener le combat.

C’est une guerre totale qui nous attend, à l’extérieur comme à l’intérieur. A l’extérieur l’équilibre des forces est instable et complexe à trouver. A l’intérieur, jamais la cohésion sociale n’a été à ce point menacée. Dans un tel contexte, toute hésitation ou faiblesse pourrait transformer une unité nationale émoliente en piège mortel pour les Français. Le risque principal que nous encourrons, c’est celui de défaire la France.

Source:: IP reunion